Pourquoi la loi 101 est un échec
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Geste politique phare du premier gouvernement du Parti québécois, la loi 101 est l'un des moments les plus marquants de l'histoire politique québécoise. Élus et autres acteurs de la société civile se plaisent à dire que cette loi fait consensus. Qu'elle est une réussite collective. Or, affirme Frédéric Lacroix, la situation du français à Montréal et dans ses couronnes est catastrophique. Le poids démographique des anglophones est quasi stable du côté de la langue maternelle et augmente du côté de la langue parlée à la maison : le français recule et l'anglais avance. La loi 101 serait-elle un échec?
Les réflexions et les discussions autour de la langue au Québec, et surtout de Montréal, accordent trop de place à la subjectivité. Pour comprendre globalement l'état de la langue, les impressions linguistiques ne suffisent pas; il faut passer par les chiffres, par les données démographiques, pour se faire une idée claire des tendances. Pour la vitalité d'une langue, la loi du nombre est déterminante : la baisse du poids démographique des francophones affecte, et va affecter de plus en plus à l'avenir, la vitalité du français au Québec, c'est-à-dire sa capacité à garder ses locuteurs et à en recruter de nouveaux. D'où l'importance de juger de la santé linguistique du Québec sur une base quantitative.
Frédéric Lacroix dénonce la présence de plus en plus discrète de la langue française et de la culture québécoise. Le français est de plus en plus une langue seconde; qui est parlé, oui, mais seulement quand on l'exige. La langue première, le véhicule de culture, étant l'anglais. S'il faut faire preuve de vigilance quant à la qualité de la langue parlée et écrite, il faut aussi surveiller de près le poids démographique des francophones. L'auteur pense qu'il est encore temps de renverser la tendance, mais pour ce faire des gestes politiques forts devront être posés, sans crainte d'ébranler certains consensus.