La très grande science des adieux du poète russe ossip mandelstam
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Ossip Émiliévitch Mandelstam, l'un des plus grands poètes russes, est mort à quarante-sept ans, en 1938, en route vers la Kolyma, condamné aux travaux forcés par Staline, le «montagnard du Kremlin, l'assassin et le mangeur d'hommes». Rien n'annonçait pourtant le destin tragique de celui qui est né dans une famille juive bourgeoise, à Varsovie. Avec sa «rage littéraire» contractée très jeune, cet homme extrêmement cultivé, européen dans l'âme, attachant et fébrile, persista à écrire aux côtés de femmes aimées, à commencer par sa compagne de combat, Nadejda, son épouse, qui apprit par cœur ses poèmes afin de les soustraire aux perquisitions et aux traques. Ami d'Akhmatova, de Tsvétaïéva, de Pasternak, il vécut d'emplois temporaires comme un gueux, changeant constamment de résidence (Kiev, Érevan, Koktebel...). Il a beaucoup publié, y compris des livres pour enfants. Ses Cahiers de Voronej sont considérés comme un sommet de la littérature russe du XXe siècle. Sa seule faute demeurera donc d'avoir écrit, entre joie et désespoir, ses «ivresses» sonores pleines d'éclats incendiaires au royaume de la peur et du mensonge. La très grande science des adieux du poète russe Ossip Mandelstam est une évocation personnelle de sa vie d'éternel non-réconcilié, éparpillée ici comme les pièces d'un puzzle dont le lecteur est appelé à reconstituer l'image du pouvoir de la poésie.