Baldam l'improbable

Parmi tous ceux qui aspirent au sommet du classement, comment Mas Baldam, héros désinvolte et attachant, peut-il tirer son épingle du jeu et atteindre un jour le Cercle 5000, ce saint des saints réservé à ceux qui réussissent leur vie? C'est la question qu'il se pose, et que se pose tout le monde autour de lui. Le problème est que, sous le coup d'une prise de contrôle de sa personne, Baldam voit son existence changer du jour au lendemain. Les médias l'assiègent et une horde de supporters viennent manifester pour sa cause. C'est là que Baldam, recevant messages de soutien et photos de fans, entame le récit tragicomique de ses tribulations familiales et professionnelles – récit jalonné de morceaux de bravoure qui dépeignent une société déroutante –, pour saisir ce qui lui tombe dessus. Au fil d'épisodes initiatiques patraques, Baldam devra apprendre à survivre à ses proches (son père mort deux fois, sa mère qui rajeunit, sa femme Alice qui chronomètre ses tirades et leurs enfants doubles) tout en honorant les espoirs qu'ils ont placés en lui. Il devra aussi apprendre à composer avec la variété impressionnante de désagréments que réserve le quotidien, au cœur d'un monde où chacun, sous des capteurs filmant sans relâche, se démène pour progresser au classement. Dans ce roman grinçant et drôle, qui met en scène une société obsédée par la performance et la quantification de l'expérience humaine, Carle Coppens déploie un art de la satire qui n'exclut jamais l'émotion. Entre l'absurde des fables de Kafka et l'humour noir du roman juif américain, Baldam l'improbable rappelle qu'on ne parle jamais aussi bien de son époque que lorsqu'on la trahit par un peu de mauvaise foi et beaucoup d'ironie.