Les agriates
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Il ne vous a pas, mon Revérend Père, suffi de savoir que j'avais tué. Pour m'accorder votre absolution, vous ne vous serez pas contenté de l'aveu du crime. Vous aurez aussi voulu savoir pourquoi il a été commis, quand et comment.C'est votre droit ; votre devoir, je pense. Je ne suis qu'un pauvre berger. Où aurais-je appris à discuter de ces choses ? Que votre volonté s'accomplisse donc, mon Révérend Père, en attendant que celle de notre Père, qui est aux cieux, s'accomplisse également !Le devoir, votre devoir, ai-je dit ? J'ai cru avoir le mien à remplir, de même. Vous me direz si je me suis trompé. De là dépendra sans doute alors votre plus ou moins grande miséricorde. Ce qu'il y a de grave, dans tout ceci, voyez-vous, c'est que je me demande s'il vous sera jamais tout à fait possible de m'absoudre. Lorsque vous me direz : « Repens- toi, si tu veux que le Seigneur, par ma bouche, te pardonne », je sais bien que je répondrai, parce que je ne pourrai, en mon âme et conscience, répondre autre chose : « Je me repens, certes ! Mais que ce que j'ai fait soit à refaire, je le referai ! »Un médecin ? Si j'en ai ai vu un ces jours-ci ? Pourquoi faire ! Il n'y en a point à Casta, et moins encore aux Agriates ! Il aurait fallu aller jusqu'à l'Ile Rousse, ou à Saint-Florent. Et puis, encore une fois, à quoi bon ? Le médecin ne sert que pour les malades. Or, malade, je ne le suis point. Je vais mourir. C'est différent.