Rosier de la pointe (le)

Tout commence par une fuite, celle de Thérèse, dans le bus vers Rivière-des-Pins. Elle a décidé d'abandonner la ville, l'affiche Farine Five Roses pour retourner dans sa cabane dans les bois. À Montréal, elle a connu l'horreur : une fresque de corps nus, le lait de l'adolescente, sortie de nulle part avec une gamine dans les bras, dégoulinant dans la barbe d'un hippy de trois fois son âge. Ce retour loin de la civilisation, c'est pour le mieux. Pour elle, comme pour la gamine, Rose. Sa Rose. Quelques décennies plus tard, Rose refait le trajet en sens inverse, afin de découvrir le monde : les bagels au sésame, les spectacles de marionnettes, le travail, les subtilités des relations humaines, la profondeur de la détresse, l'amour, même, le vrai, celui qui nous élève au-dessus de tout le reste comme sur un perchoir instable. Tandis que la vie des gens qu'elle rencontre s'entremêlent à la sienne, Rose, son avenir monté en fil de chaîne, n'a plus qu'à tisser sa place. Dans Le rosier de la Pointe, Alice Zorn repeint les vies de ses personnages comme on retaperait une maison centenaire. On s'y rencontre autour d'un ragoût de baigan, y découvre Montréal en vélo, y observe l'embourgeoisement du premier ghetto ouvrier du Canada, mais, surtout, tout cela en gardant foi et espoir en l'humanité.