Pourquoi les enfants courent-ils toujours après les pigeons ?
Par : Arlette Cousture
Collection : Hors-collection
Editeur : Les Éditions Cousture
Numéro de produit : 9782924388143
ISBN : 9782924388143
18,99 $
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Mon amie Nicole B. doit quitter Paris pour retourner au Grau d'Agde. Je l'accompagne à la gare de Lyon. Nous parlons, attendons, passons nos commentaires sur «le» voyageur, parlons, attendons, elle s'achète quelque chose à grignoter tandis que mon regard est attiré par un garçonnet d'environ huit ans qui court derrière les pigeons non voyageurs, il va sans dire, résidants de la gare. En une seconde, ce jeune est devenu chasseur, prédateur, coureur, du 100 et du 200 mètres. Partout où je regarde, il est là à traquer son pigeon. Il court, saute, grimpe les escaliers, en redescend, s'essouffle. Le pigeon est-il énervé ? Je n'en sais rien, mais son chasseur ne lui donne aucun répit. De guerre lasse, le volatile se pose sur un parasol. Le jeune ne peut plus s'en approcher, aussi se désintéresse-t-il assez rapidement de sa proie.
Nicole me rejoint vers la dernière course. Toutes deux nous observons le jeune et, à peu près au même moment, nous nous posons la question : pourquoi les enfants courent-ils toujours après les pigeons ? Bonne idée de roman nous disons-nous.
De ce commentaire, j'ai pondu une douzaine d'oeufs de pigeons. Il y en aura un dans le ciel italien au-dessus de la place Saint-Marc de Venise. Un autre volant en direction de Saarbrücken, en Allemagne. Un troisième à Montréal et un quatrième qui se promènera à Contrecoeur. Il y a les pigeons de New York qui aideront une petite fille à respirer et celui de Paris qui vole, Gare de Lyon -- tiens, tiens! Il y en aura un à Québec, véritable Esprit-Saint d'un jeune séminariste et les fantails de Baie-Saint-Paul. A Canberra, ils seront en liberté dans d'immenses et magnifiques parcs, non loin de la prison de Charlotte. A Wanda, en Argentine, on ne les verra pas, probablement parce que, plus fins que les humains, ils auront senti approcher l'orage. A Bethléem, en Palestine, ils fréquenteront le souk et se laisseront presque approcher par Fatma.
J'ai laissé les pigeons me roucouler leurs histoires parfois douloureuses, parfois amusantes, ces histoires que les pigeons m'ont soufflées à l'oreille s'étirent sur sept décennies.
Arlette