Paul de tarse le voyageur du christ

Soudain, le vent acquiert une force incroyable.

- L'euraquilon ! murmurent des marins à voix basse, comme pour ne pas réveiller une bête endormie.

Je ne sais pas ce que c'est.

- Un vent de nord-est, m'explique Paul. Une sorte d'ouragan, si tu préfères.

Très vite, l'équipage ne maîtrise plus le bateau. Le capitaine hurle des ordres que le vent emporte. Des marins tentent de maintenir l'embarcation dans l'axe du vent, d'autres ceinturent la coque avec des cordages. Je défais les chaînes de Paul, mon prisonnier. Si nous devons couler, ce sera peut-être plus facile ainsi, pour s'en sortir.

Je lui murmure :

- Si nous en réchappons, je promets à Isis, à Neptune et même à ton Dieu de passer tout le butin de mon prochain pillage à leur offrir des sacrifices d'animaux.

Paul sourit :

- Mon Dieu ne veut pas de tes sacrifices. Pourtant, lui seul est capable de te sauver.

- Ça m'intéresse ! Que veut-il en échange ?

- Toi ! réplique Paul.

- Comment ça ?

- Il veut ton coeur.

Je grimace. Qu'est-ce que je préfère ? Périr noyé ou le coeur arraché ?

- Combien de temps vit-on sans coeur, rappelle-moi ?

- Certains y parviennent toute une vie, m'assure Paul.