Raymond gravel, le dernier combat
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«J'ai besoin que le monde m'aime.»
Voilà, c'est dit... Après neuf mois d'entretiens et de rencontres, Raymond Gravel laisse tomber cette toute petite phrase. Si quelques mots suffisaient à le définir, ce serait ceux-là: ce besoin d'amour viscéral, profond, est à la base de sa personnalité et constitue l'objet de sa quête existentielle.
S'il y a une chose que la maladie n'a pas changée chez lui, c'est bien cette soif de communiquer, de discuter pendant des heures. Or, quand vient le temps de parler de lui-même, Raymond Gravel se transforme en homme de peu de mots. Comme si ce n'était pas important. Comme s'il n'en valait pas la peine. Je me suis souvent demandé, en l'écoutant, ce qu'il serait devenu s'il était né une génération plus tard. Ses sermons en chaire auraient peut-être pris une autre forme. Politicien de carrière, homme de scène, motivateur, ou même journa- liste pour la télévision : il aurait sans aucun doute exercé un métier lui permet- tant de capter l'attention des foules. Après tout, si tant de gens l'écoutent, c'est peut-être parce qu'il a quelque chose d'intéressant à raconter.
Au fil de ses entretiens avec l'abbé Gravel, au crépuscule de sa vie, Carl Marchand nous donne à lire l'émouvant récit, au jour le jour, du difficile et ultime combat d'un grand humaniste.